Tunique fragmentaire d'enfant

Malgré la perte de sa partie inférieure, les dimensions totales de cette tunique ont pu être déduites de l'encolure et de la manche intacte conservées, ainsi que de la doublure moderne sur laquelle celle-ci a été montée. 

Si l'on en juge par le sens des fils de chaîne, ce vêtement d'enfant est le résultat d'un tissage en croix. Sous l'aisselle, une ouverture a été ménagée afin de faciliter les mouvements de l'enfant.  Une torsade en laine rouge cousue, dont il ne subsiste que quelques traces, venait renforcer et orner les lisières de la tunique à cet endroit, et une trame supplémentaire en laine rouge placée sur la pointe de l'épaule venait lui faire écho.

Les décors en tapisserie de laine polychromes, sur lesquels alternent des frises de losanges, poissons, canards, fleurs stylisées ou feuilles lancéolées, ont été exécutés au fil du tissage, en même temps que la toile de fond en lin écru. Un clavus terminé par un médaillon en forme de feuille et un carré contenant un arbre vert à fruits rouges ornent l'épaule du vêtement, tandis qu'un double galon vient marquer les poignets. L'extrémité de la manche est soulignée par une bande polychrome rapportée, préalablement tissée aux cartons. 

Cette technique permettait de confectionner des pièces étroites de type ceinture ou galon en utilisant un métier simple, se réduisant aux seuls fils de chaîne, que l'on insérait dans un ensemble plus ou moins complexe (d'une dizaine à une centaine) de plaquettes trouées (principalement au niveau des quatre angles). A chaque rotation de ces cartons, un fil de trame était inséré, pour être aussitôt dissimulé par les fils de chaîne. 
Le fond de la pièce était ainsi confectionné en même temps que le décor, que déterminaient le nombre de plaquettes et de trous, ainsi que leurs différents sens de pivotement. 

L'encolure, presque intacte, est ornée de deux bandes de tapisserie, l'une droite sur la nuque, l'autre semi-circulaire sur la gorge. L'ouverture est soulignée par une chaînette en lin écru et laine verte, rapportée par couture, à laquelle ont été fixées deux cordelettes en lin qui permettaient, lorsqu'elles étaient nouées, de resserrer le col de la tunique une fois enfilée. Les exemples de ce type de fermeture sont rares dans les collections et l'extraordinaire état de conservation de cette encolure en fait une pièce remarquable témoignant d'un mode de port et d'ajustement des vêtements durant l'Antiquité tardive. 

A.M