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#lesjourneesnationalesdelabolitiondelesclavage

8 mai 2020
"Le marché à Saint-Pierre de la Martinique", 1775, au temps de l'esclavage dans les petites Antilles.

Ce tableau très pittoresque de "Le Masurier "a été donné en 1986 à la Fondation Calvet d'Avignon par le collectionneur Marcel Puech. Il est exposé au musée Calvet.

 

La Martinique, domaine royal de Louis XIV en 1674, reste française en 1763 à la fin de la guerre de Sept Ans grâce au Traités de Paris. La monoculture de la canne à sucre exigeant une nombreuse main-d'œuvre, 80% de la population est composée d'esclaves de couleur provenant du commerce triangulaire de Nantes et de Bordeaux.
Peintre du Baroque tardif ou Rococo, Marius Le Masurier a réalisé plusieurs scènes de genre pour la société possédante coloniale de la Martinique en éludant la réalité de la vie des esclaves dans les plantations.
Le très grand tableau du marché du "Mouillage de Saint-Pierre" préfère nous montrer le charme des contrées exotiques où la population blanche en costumes chatoyants vit avec des gens de couleur apparemment paisibles. Réalisé en 1775, année du sacre de Louis XVI et du début de la guerre d'indépendance des Etats-Unis, il décrit l'abondance locale sous les cocotiers : poissons colorés, iguane, tortue, pintade, mangues et bananes, un enfant proposant un singe et un oiseau de paradis à un gentilhomme en rouge et une vendeuse montrant des tissus à son épouse.
Nous sommes loin du travail de nuit dans les champs lors de la récolte de la canne à sucre et des réflexions sur l'esclavage de Montesquieu dans "l'Esprit des lois" (1748), de Voltaire dans "Candide" (1759) et de Condorcet dans ses "Réflexions sur l'esclavage" (1781), il faudra attendre le gouvernement provisoire de la Deuxième République en 1848 et Schoelcher pour que l'esclavage dans les Colonies soit aboli.

 


Bernard Gamel-Cazalis.