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Portrait de Joseph Vernet

Louis-Michel VAN LOO

(1768)

Louis Michel Van Loo (1707-1771) fut un portraitiste et un collectionneur avisé.

Portrait de Joseph Vernet
C'est un hommage à l'amitié que Louis-Michel Van Loo offre en 1768 à Joseph Vernet en pendant à l'effigie de son épouse, Virginia Parker, peinte l'année précédente. Les deux toiles sont restées chez les descendants de Vernet jusqu'au don fait en 1951 au Musée Calvet par l'arrière-petite-fille du couple, la générale de Saint-Maurice, née Delaroche-Vernet. 
Il y a de la fierté sans doute, mais aussi de l'empathie dans le visage du modèle, qu'anime un léger sourire. L'œil vif et le front bombé sous la perruque à rouleaux, Vernet tient sa palette devant lui comme un trophée, où saillent le gobelet pour le liant et les pigments rangés dans un ordre bien établi.
Ni bésicles, ni bonnet, et moins encore de rugueuse étoffe dans cette élégante effigie du peintre : Van Loo n'est pas Chardin. La pose est vivante et
I ‘habit soyeux. Assis à son travail, Vernet se détourne un instant de sa tâche, le col ouvert et les pinceaux en main, dans un ruissellement de dentelle qui culmine au poignet. La robe de chambre en soie moirée est un poncif, elle se retrouve dans l'Autoportrait de Louis-Michel Van Loo avec sa sœur (1763, Versailles) et aussi dans le Portrait de Denis Diderot, cadeau du peintre à son ami philosophe (1767, musée du Louvre). C'est cette parure dont Van Loo l'avait affublé qui déclencha I ‘ironie de l'écrivain dans ses Regrets sur ma vieille robe de chambre, fameuse satire contre le luxe (1769). 
Grâce au Livre de raison de Vernet et aux écrits de Diderot, nous savons que les familles Van Loo et Vernet se fréquentaient volontiers dans la cité des arts qu'était devenu le palais du Louvre. 
Nous savons aussi que les deux artistes avaient œuvré de concert au grand Portrait du marquis de Pombal (1767, Lisbonne). L'un et l'autre étaient alors au sommet de leur carrière. 
Van Loo, qui avait occupé Madrid jusqu'en 1752 la charge de Premier Peintre du roi d'Espagne Philippe V, connut un regain de faveur lorsque, à la mort de son oncle Charles-André en juillet 1765, il se vit confier à Paris la direction de l'Ecole royale des Élèves protégés. Vernet, qui jouissait depuis 1763 d'un logement aux « Galeries du Louvre », avait achevé ses Ports de France, œuvre majeure du règne de Louis XV. En 1768, lorsque Van Loo le portraiture à l'âge de 54 ans, le peintre est désormais célèbre dans toute l'Europe. 
Au Salon de 1769, où fut exposé le portrait de Vernet, Diderot, qui n'a jamais épargné ses amis artistes, lesquels par bonheur ignoraient ses écrits, s'en prit de nouveau à Van Loo tout en lui concédant du soin et de la vérité :« Les portraits de Michel sont ressemblants, écrivait-il à Grimm, je regrette que vous n’ayez pas Vu ceux de Vernet et de Ménageot, mais ce dernier surtout, vous y auriez trouvé une belle pâte de couleur, de la vigueur et du dessin. Peut-être auriez-vous désiré plus de transparence aux ombres et un faire qu'on ne mît pas à tout. »  Il faut croire que Vernet, quant à lui, fut satisfait de son effigie, car le 3 octobre 1770,  il acquit du graveur Louis-Jacques Cathelin, pour 30 sols chacun, trois cents exemplaires de l'estampe qu'il tira de son portrait.

Marie-Catherine SAHUT 
 

Présentation de l'œuvre

Artiste
Louis-Michel VAN LOO
Date

(1768)

Siècle
XVIIIe siècle

Caractéristiques

Matières

Huile sur toile

T. ovale H. 0,65 ; L. 0,56 

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

Inv. 22379

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Don à la Fondation Calvet en décembre 1951 par Mme de Saint-Maurice, née Delaroche-Vernet (Reg. dons 1914-1985, f. 112v). 

Etablissement recevant le prêt

Musée d’Art et d’Histoire

Ville de l'établissement recevant le prêt

Langres

Nom de l'exposition du prêt

Les Artistes de Diderot – Joseph Vernet

Date de début du prêt
Date de fin du prêt

Bibliographie et expositions

Bibliographie

La peinture française du XVIème au XVIIIème siècle. 
Catalogue raisonné du Musée Calvet 
Edition Silvana Editoriale 2015

 

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