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Tunique fragmentaire

IIIè-IVè siècle après J-C

Durant l'Antiquité tardive, une «révolution du costume» s'opère dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Les étoffes drapées laissent place à un vêtement conçu à partir d'un patron sommaire, tissé majoritairement en une seule pièce, puis replié et cousu, l'encolure étant ménagée par une simple fente entre deux fils de chaîne. 
Notre textile, de forme rectangulaire, peut être rattaché à cette production vestimentaire si l'on en juge par le sens des fils de chaîne, perpendiculaires aux bandes de tapisserie, elles-mêmes tissées en même temps que la toile de fond en lin écru. 
La nature de ces décors, ainsi que leur répartition sur l'étoffe, est à rapprocher des exemples de tuniques d'époque romaine représentés sur les portraits peints du Fayoum, datés entre le Ier et le IVe siècle de notre ère. 

Les deux bandes tapissées de notre tissu constitueraient ainsi les deux clavi d'épaule de la tunique, descendant sur l'avant et l'arrière du vêtement, de part et d'autre d'une encolure aujourd'hui disparue dans la lacune centrale. En outre, au niveau des épaules et des genoux, six médaillons, ou orbiculi, en tapisserie bicolore représentant des fleurs stylisées ont été rapportés par couture en points de sujet durant l'Antiquité. 

Sur le fond pourpre violet, des réseaux géométriques de losanges plus ou moins élaborés sont exécutés à la navette volante de lin écru au fur et à mesure de la confection de la tapisserie de fond. Ce type de décor abonde dans les collections, comme l'attestent entre autres une tunique d'enfant conservée au musée du Louvre, ou encore certains médaillons bicolores du musée de Rouen, et semble avoir été une production caractéristique des IIIè-IVè siècles après J.-C., à laquelle peuvent être rattachées les pièces rapportées sur notre textile. 

Le tissage d'une étoffe, qui plus est ornée de tapisseries, représentait un travail long, fastidieux et délicat. La plupart des Égyptiens n'avaient pas les moyens de posséder plus de quelques tuniques au cours de toute leur vie, ce qui explique naturellement les principes d'économie et de remploi qui entouraient la production textile de l'époque. Les pièces usées étaient fréquemment découpées, afin d'en récupérer les parties les plus belles et les plus précieuses, à savoir les tapisseries. Celles-ci venaient ensuite orner des pièces plus simples ou usagées, afin de prolonger leur utilisation ou de remettre une ancienne tunique au goût de la nouvelle mode vestimentaire, comme cela semble avoir été le cas pour notre pièce, que nous proposons ainsi de dater des IIIè-IVè siècles de notre ère. 

A. M.

Présentation de l'œuvre

Date

IIIè-IVè siècle après J-C

Lieu

Probablement Antinoé

Caractéristiques

Matières

Toile de lin écru ; tapisserie de lin écru et laine pourpre violet

H : 108 cm; l : 225 cm ; 

Bandes : H 5 cm

Médaillons : D 11cm et 20 cm

Données spécifiques

Numéro d'inventaire

A103A6

Musée d'accueil
Musée Calvet
Provenance

Don Guimet 1907 à L'institut Calvet

Bibliographie et expositions

Bibliographie

Fastueuse Egypte
Sous la direction d'Odile Cavalier

Catalogue de l'exposition - 25 juin au 14 novembre 2011.
Avec la collaboration scientifique de Jean-Claude Goyon et Lilian Postel, 
Paris, Editions Hazan, 2011

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